Un riche passé viticole
L’histoire de Dijon, cité des ducs, située au départ de la route des grands crus, est étroitement liée à celle des grands vins de Bourgogne.
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Dès le 1er siècle après J.C.
La présence de la vigne dans cette région est attestée
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Au VIe siècle
Grégoire de Tours décrit la cité dijonnaise dominée par « des montagnes très fertiles couvertes de vignes ». Ces coteaux portent le nom de lieux-dits aujourd’hui bien présents dans la toponymie urbaine : les Marcs d’Or, les Echaillons, en Pisse-Vin, en Montrecul, les Poussots.
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Du XIVe à la fin du XVIIe siècle
Le « vin de creu du Dijonnoiz » produit dans la métropole est reconnu et placé sur les bonnes tables, en particulier celles des ducs de Bourgogne qui ont largement participé à cette renommée.
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En 1395
Philippe le Hardi, duc Valois de Bourgogne, prend une mesure radicale : il impose le pinot noir sur le territoire, et exclut le gamay et les autres cépages. Cette décision influence encore aujourd’hui la typicité et le goût des vins bourguignons…
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À partir de 1875
Fin de l’âge d’or : le phylloxéra, petit insecte ravageur pour la vigne, réduit drastiquement la production et la surface des vignobles du territoire.
L’arrivée du chemin de fer et l’expansion urbaine diminuent à leur tour la surface du vignoble de la côte dijonnaise.
Depuis plusieurs années, la métropole de Dijon, avec un groupement de viticulteurs constitué en association, a engagé une stratégie de renaissance de son vignoble. Un dossier vient d’être déposé auprès de l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité) en vue d’obtenir, au sein de l’appellation d’origine contrôlée (AOC) Bourgogne, une dénomination géographique complémentaire « Bourgogne Dijon ». De nos jours, la vigne et le vin, outre l’incarnation de la volonté politique de préserver une ceinture verte autour de Dijon, sont redevenus une source de développement et de rayonnement international pour le territoire dijonnais : tant en termes d’attractivité touristique, gastronomique, économique, qu’en termes d’apprentissage, de recherche scientifique et d’innovation.
À Daix, Talant, Plombières-les-Dijon, Corcelles-les-Monts et Dijon, le territoire de la métropole compte aujourd’hui quelque 50 hectares de vignes plantés en zones référencées en AOC Bourgogne, sans compter bien sûr les vignobles de Chenôve et Marsannay qui obéissent davantage à une logique d’appellation « Village ». Environ 60 hectares supplémentaires pourraient constituer de nouvelles terres viticoles dans un avenir de 6 à 10 ans.
Le vignoble métropolitain
Pour tout savoir sur les 47 Climats protégés par l’Unesco situés dans le périmètre métropolitain, retrouvez en ligne le livret « Entre vigne et ville » édité en juin 2022 à l’occasion de la fête des Climats du vignoble de Bourgogne.
En 1924, le Tribunal civil de Dijon attribue aux communes de Marsannay-la Côte, Perrigny-lès-Dijon, Chenôve, Dijon, Daix, Fontaine-lès-Dijon et Plombières-lès-Dijon, le droit à l’appellation « Bourgogne » pour leurs vins. Aujourd’hui, et sous l’impulsion de Dijon métropole, le vignoble dijonnais est en pleine renaissance et de nouvelles vignes sont plantées. Outre le plaisir de se délecter à nouveau de ce vin d’autrefois, c’est aussi une redécouverte des paysages d’antan et de nouvelles promenades qui s’offrent aux métropolitains.
Renaissance d’un vignoble d’exception
Aujourd’hui, la métropole renoue avec son passé viticole par exemple à Daix, Talant ou Plombières-lès-Dijon. Les coteaux exposés au soleil levant offrent de belles opportunités. Plus au nord de la Côte de Nuits, la côte dijonnaise s’adapte en effet aux changements climatiques. Ainsi, dès 2013, la collectivité rachète des terres classées en AOC sur les conseils de ses partenaires dont la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, les syndicats viticoles, le monde de la recherche et la Chaire Unesco « Culture et traditions du vin ».
Les consommateurs sont parmi les premiers demandeurs. Aujourd’hui des milliers de bouteilles de Bourgogne – de pinot noir ou de chardonnay – sont commercialisées, souvent même hors de nos frontières. Et ce n’est qu’un début puisque de nouveaux hectares référencés en AOC sur le territoire de la métropole sont en cours de plantation ou d’acquisition. Les conditions étaient donc idéales et enfin réunies pour déposer un dossier auprès de l’Inao en vue de faire enfin reconnaître l’appellation « Bourgogne Dijon ». Un projet mené par l’association pour la promotion du Bourgogne Dijon qui rassemble une vingtaine de viticulteurs métropolitains.
Imaginer la vigne de demain
Depuis le XVIIIe siècle, l’évolution du vignoble de Bourgogne et des pratiques professionnelles est étroitement liée au dynamisme de la recherche et à l’engagement politique sur le territoire. Encore aujourd’hui, l’étude de la vigne et les grands projets insufflés par la collectivité participent aux progrès du monde viticole, y compris à l’international.
À Dijon, l’étude de la vigne est pluridisciplinaire. C’est-à-dire qu’elle est examinée sous des prismes différents et dans des disciplines variées : histoire, œnologie, agroécologie, droit, etc. L’intérêt pour ces problématiques viti-vinicole s’est notamment développé sous l’impulsion de l’université de Bourgogne. Elle est en effet l’une des rares universités dans le monde à être propriétaire d’un vignoble AOC, qu’elle exploite dans la côte de Nuits. Elle est aussi dotée d’une filière œnologie et de structures de formation et de recherche sur la vigne, le vin et leur patrimoine culturel. Elle accueille par exemple en son sein l’Institut universitaire de la Vigne et du Vin (IUVV) Jules Guyot depuis 1992 et la Chaire Unesco « Culture et traditions du vin », unique au monde. Les enseignements dispensés et les recherches qui y sont conduites confèrent à Dijon une place importante, au cœur de la recherche académique régionale, nationale et mondiale.
Sur les parcelles métropolitaines, la dizaine de viticulteurs nouvellement installés sont engagés dans une démarche à Haute valeur environnementale (HVE), visant à réduire les effets négatifs de certaines pratiques agricoles. Plus de la moitié des viticulteurs vont encore plus loin en suivant le cahier des charges de l’Agriculture biologique (AB). Pour répondre aux attentes des professionnels – en matière notamment d’évolution climatique et de tolérance aux maladies – des expériences en agro-écologie sont conduites. Avec l’Association technique viticole de Bourgogne, des conservatoires de cépages ont été plantés pour permettre de favoriser la biodiversité végétale et de repérer des pieds de vigne présentant des caractères différents et intéressants (maturité plus longue, degré d’acidité plus élevé…). Une parcelle est par exemple consacrée à la culture de vignes-mère de greffons avec un objectif central : faire émerger les vignes du futur.