La gestion différenciée des espaces verts
Dans les parcs dijonnais, les tontes se font en fonction du cycle biologique des végétaux ou de la nature des lieux. Si un jardin à la française peut être tondu jusqu’à 25 fois par an, d’autres pelouses, plus sauvages, n’en ont besoin que 2 fois. Il s’agit de la « gestion différenciée des espaces verts ».
À Dijon, il existe cinq niveaux d’intervention, allant de « nature domestiquée » à « nature affranchie »! Des panonceaux installés à l’entrée de chaque parc, square et jardin permettent aux habitants de savoir quel type d’entretien est pratiqué.
Répartition (du niveau d’intervention le plus important au plus léger) :
- 25 sites « Nature domestiquée »
- 30 sites « Nature maîtrisée »
- 120 sites « Nature contrôlée »
- 50 sites « Nature accompagnée
- 30 sites « Nature affranchie »
Grâce notamment à cette « gestion différenciée », une nouvelle écologie urbaine se dessine dans la cité des ducs : des pelouses impeccables du square Darcy aux prairies fleuries le long des voies du tram. La nature reconquiert doucement l’espace, recréant un urbanisme plus contrasté et multipliant les îlots de biodiversité. Ainsi, dans une prairie urbaine, les experts du Jardin de l’Arquebuse peuvent recenser 200 à 300 espèces d’insectes différentes !
Zéro phytosanitaires : mission accomplie !
Plus aucun pesticide ni herbicide sur les espaces verts de Dijon… Ce n’est pas un vœu pieux, c’est depuis 2016 une réalité. À plus grande échelle, les communes de Dijon métropole ont signé en 2009 une charte « zéro phyto ». Elles se sont engagées à cesser progressivement d’utiliser des produits phytosanitaires (tels que les herbicides, les pesticides). Dijon a pris de l’avance : elle remplit déjà ses objectifs « zéro phytosanitaires ». Son service des espaces verts et le service de la voirie de Dijon métropole ne pulvérisent plus aucun produit chimique dans les parcs, jardins et platebandes de la ville. Plus aucun phytosanitaire pour entretenir les 400 km de voirie et le cimetière des Péjoces.
Pour juguler, par exemple, les pucerons qui colonisent en particulier les tilleuls, les agents de la ville ont opté pour la pulvérisation, sur les feuilles, d’une solution mélangeant de l’eau et du savon noir. Le savon noir tue les larves des insectes en les asphyxiant et nettoie le miellat qui englue les feuilles des arbres. La ville compte aussi sur les coccinelles, grandes consommatrices de larves de pucerons. Les lavandes qui fleurissent le pied des arbres, par exemple rue Béranger dans le quartier de la Maladière, repoussent également ces parasites. Cette gestion écologique est garante de la biodiversité des sites, dont quatre sont labellisés Écojardin.
Le retour en grâce des « plantes adventices » et autres herbes folles
Au pied des arbres, les pissenlits et autres trèfles ne sont plus considérés comme des « mauvaises herbes ». Les agents des espaces verts préfèrent le terme de « plantes adventices », du latin « qui advient ». Il désigne tout végétal qui pousse accidentellement, par ensemencement naturel. Autrefois éradiquées, ces plantes reviennent en grâce. Une étude de l’Inra (Institut national de recherche agronomique) confirme leur impact positif sur l’écosystème. Le retour d’insectes pollinisateurs, par exemple, a pu être observé. Pour préserver ces « plantes adventices », la municipalité ne désherbe plus systématiquement. Lorsque c’est nécessaire, les agents des espaces verts privilégient le désherbage thermique ou mécanique (utilisation de la chaleur ou arrachage).
Le label EcoJardin, référence de gestion écologique
Depuis 2014, la ville de Dijon s’engage dans une démarche visant l’obtention du label ÉcoJardin.
Ce label permet d’indiquer que la collectivité a mis en œuvre un ensemble de mesures sur ses sites. Pour obtenir le label ÉcoJardin, il faut donc remplir huit critères de qualité : Structure du site – Gestion des sols – Gestion de l’eau – Faune et flore – Équipements et matériaux – Matériels et engins – Formations des agents – Public
L’arrivée du label ÉcoJardin à Dijon marque la volonté forte de la municipalité de s’orienter vers une gestion écologique du végétal en ville, en phase avec les enjeux environnementaux et les besoins des citoyens. Les habitants veulent de plus en plus que la nature, près de chez eux, soit un reflet de la biodiversité et de toute sa richesse. La ville de Dijon intègre cette nouvelle vision au quotidien dans sa gestion des espaces verts et dans la place (re)donnée à la nature en ville !
Les sites dijonnais labellisés ÉcoJardin
- Parc de l’Arquebuse
- Les Combes
- Parc de la Colombière
- Parc Hyacinthe Vincent
- Cimetière des Péjoces
- Centre hospitalier la Chartreuse
- Allée du parc
- Champ Captant des Gorgets
- Promenade de l’Ouche et Lac Kir
Des ruches dans la ville
77 ruches sont implantées dans des parcs publics (la Colombière, la Combe à la Serpent, les Carrières Bacquin…) et en pleine ville comme à la Vapeur.
La ville de Dijon a confié la gestion de ses ruches à un collectif d’apiculteurs (associations et professionnels). La ville et Dijon métropole participent au programme » Abeille, sentinelle de l’environnement » porté par l’Union Nationale de l’Apiculture Française.
Depuis 2017, Dijon est signataire de la déclaration des villes européennes pour la protection des abeilles et participe à la création d’un réseau européen des villes amies des abeilles.
Ceinture verte à préserver
L’agriculture périurbaine vise à préserver ces espaces hybrides, ni ville, ni campagne, qui, partout en France, se construisent fortement – en dix ans, la consommation de surface agricole pour l’urbanisation équivaut à la superficie d’un département. Cet étalement urbain menace les parcelles agricoles de morcellement, d’enclavement, voire de disparition, alors qu’elles participent pourtant fortement à la qualité du cadre de vie.
Dans l’aire urbaine dijonnaise, vergers, maraîchages et jardins familiaux en proche couronne, grandes cultures céréalières au Nord et à l’Est, et vignoble au Sud (sur la célèbre route des grands crus) forment une palette d’activités agricoles très diversifiées, qui créent des respirations dans le tissu urbain et périurbain.
Dijon métropole préserve et valorise sa ceinture verte
À son échelle, Dijon métropole s’est engagée dans une politique d’urbanisation raisonnée, qui vise à préserver l’environnement périurbain et la qualité de vie qui s’y rattache. Cette politique passe en grande partie par la préservation d’une « ceinture verte », un vaste espace conservé pour l’agriculture et la nature, en périphérie de l’agglomération.
Cet engagement s’est concrétisé, à partir de février 2011, alors que la collectivité a donné mission à la SAFER (Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural) de dégager des terres pour l’agriculture locale. Elle est chargée de cartographier les terres agricoles du territoire afin de dégager des disponibilités foncières pour l’avenir. La SAFER Côte d’Or aide Dijon métropole à identifier des terres, dans certains cas à les acquérir et à mener une politique volontariste en faveur de l’agriculture.
Plus largement, pour développer sa stratégie d’agriculture de proximité, Dijon métropole s’appuie sur l’expertise du Jardin de l’Arquebuse et sur un réseau de partenaires très impliqués, issus des secteurs agriculture-agronomie-agroécologie.
Deux priorités : les vignes…
Les terrains acquis sont, pour une large partie, orientés vers la culture de la vigne. La côte dijonnaise a entamé sa renaissance grâce aux vins produits par le domaine de La Cras, aux Marcs-d’Or, au domaine de la Motte Giron et dans plusieurs communes de l’agglomération (Chenôve, Daix, Marsannay-la-Côte, Plombières-lès-Dijon, Talant).
Cette présence renforcée de la vigne est le point de départ d’une ambition forte : l’obtention d’une appellation Côte de Dijon, aux côtés des prestigieuses Côtes de Nuits et de Beaune.
… et l’autonomie alimentaire
Au-delà de cette ambition viticole, Dijon métropole vise la quasi autonomie alimentaire pour les prochaines décennies : en encourageant les circuits courts (sans intermédiaire entre le producteur et le consommateur, ou au maximum un intermédiaire) ; en implantant sur le territoire une légumerie, structure capable de transformer et de conditionner les produits frais locaux destinés à la restauration collective; en poursuivant sa stratégie d’acquisition et de mise en culture de terres agricoles.
Après l’acquisition en 2013 par Dijon métropole, de 160 hectares de terres sur le plateau de La Cras, à cheval entre Plombières-lès-Dijon, Corcelles-les-Monts et Dijon, la collectivité a confirmé en mars 2017 une nouvelle acquisition de 59 hectares de terrain (ferme de la Motte Giron). La métropole développe ainsi la ceinture verte aux abords de la ville et favorise les circuits courts. À plus long terme et si ces terres sont assez productives, les Dijonnais pourront bénéficier d’une quasi autosuffisance alimentaire.