Afin de développer la connaissance et la prise en compte de la biodiversité sur le territoire, la métropole et son Jardin de l’Arquebuse s’intéressent à la population dijonnaise de chauves-souris, un mammifère sensible et exigeant sur la qualité de son environnement. Un excellent indicateur pour évaluer la bonne santé de l’écosystème métropolitain.
Dans ses missions d’études ou de conseils, Karsten Schmale, écologue et ornithologue de formation, inventorie des vertébrés tels que les chiroptères, qu’il affectionne particulièrement. Il suit ainsi, jusqu’en Afrique et en Asie, la piste de celle qu’on connait plus communément sous le nom de « chauve-souris ». En mai dernier, il posait de nouveau ses capteurs sonores à Dijon pour continuer un travail débuté en 2019. « Sur 36 espèces connues en France métropolitaine, en 2020 j’ai pu en observer 19 sur le périmètre dijonnais. Cette année, je peux en confirmer 20, et peut-être une 21e en cours d’identification, et parmi elles, des espèces rares ! », se réjouit-il.
À l’écoute de la biodiversité
Avec un matériel acoustique, le chercheur enregistre pendant la nuit les signaux ultra-soniques très courts et très aigus émis par les chauves-souris et propres à chaque espèce. « Grâce aux données recueillies, je suis en mesure d’identifier les réservoirs de biodiversité, comme la Combe à la serpent, le cimetière paysager des Péjoces, le Creps ou le parc de la Colombière ». Pour se déplacer, chasser et prospérer, elles suivent des corridors verts de déplacement indispensables pour relier leurs gîtes et se nourrir. Les chauves-souris logent dans des cavités naturelles, le bâti ancien et nichent dans les arbres. Elles ont chacune leur technique de chasse mais se nourrissent toutes d’insectes.
Un indice de qualité environnementale
En localisant ces créatures fragiles, il est donc possible de préconiser des zones naturelles, forestières ou agricoles à préserver, à restaurer ou à créer : des trames vertes et bleues propices à l’ensemble de la biodiversité. Et c’est tout l’enjeu de cette étude pour l’aménagement du territoire : la métropole va bien au-delà du cadre réglementaire et travaille sur un schéma de cohérence écologique. « C’est avant-gardiste et assez exceptionnel comme démarche. Cela permet de collecter des données de référence utiles à tous les projets futurs et de faire les choses intelligemment sans être contraints. En terme de politique territoriale, tout le monde est gagnant. Établir une continuité verte bénéficie aussi au cadre et à la qualité de vie des habitants. Je suis émerveillé d’être autant en contact avec la nature alors qu’on est en ville », remarque Karsten Schmale.
Des alliées sans danger
Les chauve-souris entrent régulièrement dans les maisons par les fenêtres, dans les greniers et les caves. Elles sont sans danger pour les humains et n’attaquent pas les cheveux. Mais pour leur propre sécurité, il ne faut pas les manipuler ! Soyez vigilants à ne pas perturber leur habitat et leur cycle de développement, surtout vers la fin de l’été car les chauves-souris françaises sont toutes protégées ! Elles ont un rôle essentiel dans l’écosystème local et national, il est interdit de détruire leurs gîtes. Attention donc avant de couper un vieil arbre à cavité dans votre jardin : des chauves-souris comme d’autres espèces peuvent les habiter !
Un nid dans le jardin, une fausse bonne idée
Les chauves-souris sont des mammifères très sensibles et leur proposer un habitat non-adéquat peut être un véritable piège écologique ! Pour leur construire un abris adapté à leurs besoins, il faut : utiliser du bois sans solvant, ni peinture et avec une bonne résistance thermique pour les protéger du froid. La cabane devra être fixée au minimum à 1,70 mètres de hauteur pour préserver leur tranquillité.
Des chauves-souris dans nos vignobles
Pour lutter contre l’eudémis, un papillon qui ravage la vigne, tout en limitant l’usage de pesticides, les chauves-souris sont de précieuses alliées. Elles contribuent à contrer le ver de la grappe en se nourrissant des papillons. Certains vignobles posent désormais des gîtes propices à leur installation.
Les chauves-souris métropolitaines
Karsten Schmale avait identifié, en 2022, 14 espèces dont certaines rares sur le site du cimetière métropolitain.
Dans l’Est de la métropole, on trouve des espèces forestières communes. On observe ainsi une concentration de Noctules. Ou plutôt, on les entend. Ces chauve-souris volent haut dans le ciel, sont arboricoles et gîtent dans les grands arbres à cavités du Creps et du domaine de Morveau. Elles présentent la particularité de « chanter », « un son assez féérique » selon le chercheur. Ce sont des cris sociaux et territoriaux émis par les chauves-souris à l’entrée et à la sortie du gîte, perceptibles à l’oreille humaine.
Afin d’encourager la présence d’insectes, la métropole pratique la fauche tardive, les friches, les prairies pâturées, la présence de bosquets et applique une politique zéro produit phytosanitaire depuis 2016.